L’HOTEL DE CLERMONT L’HERAULT A PARIS

Un hôtel à Paris :

Il existe à Paris un très bel hôtel particulier qui porte le nom d’Hôtel de Clermont l’Hérault (34) qui fut construit entre 1708 et 1714 par la marquise de Saissac. Il se situe au 69 rue de Varenne dans le 7°arrondissement de Paris prés de l’hôtel Matignon. L’hôtel abrite actuellement le ministère chargé des relations avec le parlement. Le bâtiment a été inscrit aux monuments historiques en 1980. C’est l’un des plus anciens hôtels particulier du faubourg Saint Germain parisien.

Une histoire de famille :

L’hôtel fut construit par Jeanne-Pélagie d’Albert, marquise de Saissac (1676-1756), fille du duc de Luynes et d’Anne de Rohan-Montbazon. Elle se maria avec Louis III marquis de Saissac et comte de Clermont en 1698 à l’age de 22 ans alors que son mari en avait 66 ! A sa mort en 1705, la veuve décida de bâtir avec la fortune de son mari un splendide hôtel particulier en plein cœur de Paris pour son fils Constance dernier seigneur de Clermont qui mourut à 16 ans en 1715 un an après la fin des travaux.

La construction de l’hôtel débuta en 1708 et se termina en 1714. La marquise de Saissac y vécut jusqu’en 1734 avec son frère le chevalier de Luynes qui y mourut cette année là. Elle décida d’aller vivre à Passy dans l’hôtel de la Princesse de Lamballe ou elle mourut à 80 ans en 1756. Elle avait légué avant son départ l’hôtel à son neveu Louis d’Albret, duc de Luynes et de Chevreuse.

Histoire de l’hôtel :

L’hôtel fut modifié à plusieurs reprises et connut différents architectes. L’architecte bâtisseur en 1708 fut Jean-Baptiste Alexandre le Blond (1679-1719). Il fut élève de « Le Nôtre » et construisit plusieurs hôtels particuliers en France. En 1759, des réaménagements après la mort en 1756 de la marquise de Saissac eurent lieu sous la direction de l’architecte Charles Axel Guillaumot. Il fut reconstruit en 1836 et le maître d’ouvrage fut Jacques Just Barbet de Jouy. En 1769, l’hôtel sera vendu au comte d’Orsay. Pierre Gaspard Grimod y fera faire des travaux en 1770 et 1785. En 1783, le splendide décor intérieur de style antique fut crée par l’architecte décorateur Jean Augustin Renard avec en autre des colonnes de marbre provenant du temple de Néron à Rome (peut-être ramenées d’Italie par Tristan I seigneur de Clermont de 1423 à 1441 et comte de Copertino). En 1787, le comte d’Orsay va partir vivre en Allemagne et va louer son hôtel à un collectionneur d’art anglais William Beckford.

En 1798, le marquis d’Avèze acheta l’hôtel et y créa les « jeux gymniques » qui rappelaient les Jeux Olympiques actuels mais avec en plus de la musique et de la danse mêlées avec disciplines sportives de cette époque (armes, lutte, équitation, arc, jeu de paume, course de char…). L’hôtel et ses jardins à la française par leur disposition, convenaient parfaitement à la pratique de tous ces sports ainsi que de la danse et la musique. Sous le Consulat, l’hôtel servit pour l’administration de guerre napoléonienne. Il y était logé des chercheurs comme Armand Séguin, chimiste ou Monsieur Fourcroy mais également un inventeur, Berthollet qui fit partit de l’expédition d’Egypte sous l’empereur.

Armand Seguin (1765-1835) était chimiste, économiste et financier. Il s’était enrichi durant les guerres révolutionnaires en étant fournisseur de cuir. Il fut emprisonné sous Napoléon et resta enfermé jusqu’à la fin de l’Empire. Il acheta l’hôtel en 1803 et y vécut à partir de 1815 jusqu’à sa mort en 1836.

Après sa mort, l’hôtel sera vendu Etienne de Jouy (1764-1846). Il fut militaire de carrière mais après la Révolution, il fut suspecté de royalisme et dut s’exiler en Suisse. Il revint sous Napoléon mais fut emprisonné.En 1815 il fit son entrée à l’Académie Française car il écrivit un bon nombre d’ouvrages documentaires ou bien des romans. Il écrivit le livret d’opéra « Guillaume Tell » de Rossini en 1829. Il rendit hommage au bâtisseur de sa demeure en venant visiter Clermont en 1819 et en laissant dans un de ses ouvrages deux vers concernant Clermont : « le sol, souple, riant et agréable produit des habitants qui lui ressemblent ». Il transforma une partie des jardins de l’hôtel en lotissement, ouvrit une rue qui porte son nom.

Il revendit l’hôtel en 1838 à la comtesse Tanneguy-Duchatel dont le mari était ministre de Louis Philippe. L’hôtel sera complètement restauré en 1840 par l’architecte Visconti qui va le modifier en y ajoutant un étage et en ajoutant à la façade sur cour, un vaste péristyle couvert.

L’hôtel devint sous Napoléon III, un salon politique fréquenté par les grands politiciens de l’époque. Le fils du comte revendra l’immeuble en 1906 au marquis de Maillé et à la comtesse Costa de Beauregard. Il connut encore différents propriétaires jusqu’en 1948 date à laquelle l’Etat en devint le propriétaire après l’avoir réquisitionné en 1944 pour y installer le ministère de l’agriculture. Il abrite depuis cette date différents ministères dont actuellement le ministère en charge des relations avec le parlement.

Description :

L’extérieur :

Coté jardin :

L’hôtel est de style classique mais il a des éléments de décors antiques. La façade donnant sur les jardins se composait à sa construction d’un rez-de-chaussée composée de 11 fenêtres dont 7 arrondies et entourées de pilastres plats. L’étage avait un même nombre de fenêtres mais de formes rectangulaire sans décorations particulières. Il y avait une balustrade au dessus du premier étage. En 1840, l’architecte Visconti va rajouter un étage avec terrasse ou il y a toujours le même nombre de fenêtre mais cette fois-ci en sailli sur le toit (type chambres mansardées) ainsi qu’un péristyle couvert en avancée avec comme décoration des colonnes de style ionique et une verrière ronde.

Coté cour :

La façade se composait initialement selon les plans de « Le Blond » d’un rez-de-chaussée avec 8 fenêtres et un étage. Au centre de la façade, un hommage aux temples grecs avec une avancée architecturale se composant au rez-de-chaussée d’une majestueuse porte entourée de colonnes et se statues grecques. A l’étage, une fenêtre surmontée d’un fronton triangulaire avec en son centre des décorations. Actuellement l’entrée est différente de l’entrée initiale avec au rez-de-chaussée 3 grandes portes fenêtres arrondies surmontées de consoles sculptées et entourées de pilastres plats. L’étage se compose lui aussi de 3 grandes portes fenêtres surmontées de modillons à têtes humaines et entourées de pilastres rectangulaires saillants à chapiteaux corinthiens. Le fronton n’a pas gardé son iconographie d’origine. Actuellement, il y a la croix de Lorraine, symbole du Gaullisme, entouré de personnages féminins. Il y également de belles ferronneries à l’étage au niveau des fenêtres.

Eléments de décorations intérieures :

Comme la plupart des grands hôtels particuliers parisiens qui accueillent des ministères, la décoration intérieure y est magnifique. L’hôtel de Clermont n’a pas à rougir des splendeurs de son voisin Matignon. Il est de style classique. Il a un escalier intérieur avec une rampe en fer forgé et un plafond entièrement peint. Le bureau du ministre se situe dans un salon au décor corinthien. Il y a une grande galerie qui fait office de grand salon, un boudoir de style Louis XVI, une salle à manger. Au premier étage, une très riche bibliothèque. Les salons étaient couverts de tableaux de « Maîtres » et les plafonds étaient peints. Il y avait de grands lustres à bougies. Le mobilier évolua en fonction des différents rois mais le style prédominant est Louis XV. Les murs étaient couverts de miroirs (style Versailles) et de marqueteries très fines. Il y avait également des colonnes de style ionique. Les escaliers étaient mis en valeur par des rampes en fer forgé.

Les seigneurs de Clermont ont laissé une trace importante dans l’histoire locale mais également nationale avec la présence étonnante d’un hôtel de Clermont que la plupart des gens doivent prendre pour « hôtel de Clermont-Ferrand » mais peu importe, voici l’exemple de la réussite de nos seigneurs même si cette hôtel marque la fin des comtes de Clermont par la mort du dernier , Constance en 1715.

Sources : Gaston Combarnous : « les château des Guillem et de Clermont » 1978, imprimeries Maury à Millau.

Internet : www.culture.gouv.fr base Mérimée

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