ECRIVAINS CLERMONTAIS CELEBRES
Jules Boissière : un grand écrivain Clermontais (1863-1897)
JULES Boissière est né le 17 avril 1863 à Clermont et il est mort le 12 août 1897 à Hanoi au Vietnam. Il naquit dans la rue Croix rouge de Louis Edouard Boissière et de Marie Louise Rodde. Il fit une partie de ses études au Collège de Clermont avant de les poursuivre sur Montpellier et Paris. Il commença à publier à l’âge de vingt ans des recueils de poésies, influencés par l’œuvre de Stéphane Mallarmé.
Le départ pour la capitale :
Il s’installa à Paris avec ses parents lorsqu’il avait 18 ans et devient journaliste pour le journal quotidien radical-socialiste de Georges Clémenceau « La Justice ». Jules était nostalgique de sa région natale et il écrivit des chants et des poèmes en l’honneur de sa région. Ces poésies furent réunies dans un recueil « Devant l’énigme » en 1883. Il n’avait alors que 20 ans ! Elles valurent à Boissière l’estime des lettrés et des écrivains méridionaux comme Alphonse Daudet, Paul Marieton, Clovis Hugues… Valère Bernard, célèbre artiste multicarte marseillais, ancien capoulié du Félibrige, invita Jules à venir en Provence pour passer quelques jours avec des jeunes écrivains félibres qui étaient autour du grand Frédéric Mistral. Il le fréquenta et ce dernier le considéra comme un de ses meilleurs disciples. Cette rencontre l’inspira et il publia son second ouvrage « Provensa » en 1885. Il rencontra lors de son séjour en Provence Thérèse Roumanille, reine du Félibrige, qui l’inspira elle aussi, sans doute en était-il amoureux !
Ses voyages en Indochine :
En 1886, il devint secrétaire de Paul Vial et s’embarqua pour l’ Indochine où il servit comme commis de Résidence auprès de Paul Bert, Gouverneur civil de l’ Annam et du Tonkin. Il effectua son service militaire en Indochine, combattit avec le 11 e bataillon de chasseurs puis devint fonctionnaire dans le corps des administrateurs. Il exerça ses fonctions à Hué, et Saïgon où il apprit le chinois, s’intéressa de prés à l’histoire du pays et fit l’expérience de l’opium qu’il considérait comme « un fondement de la compréhension des cultures et des civilisations d’ Extrême-Orient ». Il écrivait toujours des poèmes sur sa Provence natale malgré son éloignement et son ouvrage « Li Gabian » (188)9 mêle tableaux exotiques et chants félibréens. Il n’oublie pas sa ville natale puisque en 1887, il adresse une lettre au maire de Clermont pour lui demander l’érection d’un monument en hommage à Peyrottes.
En 1891, il rentra en France après avoir passé cinq ans en Indochine, se maria avec Thérèse Roumanille et il revient en 1892 avec elle en Indochine. Il prit alors la direction de la « Revue indochinoise » lancée en 1893 où paraissaient des articles et des nouvelles d’auteurs. Lors de son congé suivant, en 1895, il ramena le manuscrit de « Fumeurs d’opium » en France qui fut publié la même année par Flammarion ou il dépeint les décors Tonkinois dans un style Flaubérien qu’il évoque d’ailleurs dans son œuvre : « l’aube qui déjà blanchit l’Orient, ou fleurs nocturnes, les prunelles des étoiles se closent ». Il rentra au Tonkin où il fut promu au rang de vice-résident de 1 re classe et mourut brutalement en 1897, à l’âge de 34 ans.
L’impact de son œuvre :
Jules Boissière laissa une empreinte artistique importante en Indochine, plus importante qu’en France. Cependant son talent a inspiré ses contemporains français avec Roland Dorgeles, Pierre Mille Marcel Olivier, Vigné d’Octon. Claude Farrère disait à propos du projet de son monument « Je considère Jules Boissière comme l’un des grands écrivains du XIX°siècle. ». Son œuvre « Li Gabian » est un chef d’œuvre de 32 poèmes. On dit de cet ouvrage : « Li Gabian est une belle œuvre, une œuvre riche, originale, une œuvre attrayante et un peu mystérieuse qui fait pressentir le chef d’œuvre » Comme on dit : « sans commentaire ! »
Un hommage de sa ville :
Il existe un monument à Clermont dédié à Jules Boissière qui est l’œuvre d’un artiste parisien Jean Magrou et d’un entrepreneur clermontais Camille Vigroux. Il fut inauguré le lundi 10 juin 1935 dans le square clovis Roques, ancien jardin des poètes dans le cadre de la Sainte Estelle organisée par l’escola Peyrottes et Clovis Roques du 8 au 11 juin 1935. Il y a une rue en son nom et une plaque commémorative sur sa maison natale dans la rue croix rouge.
Anecdote :
En 1921, Jules Boissière faillit recevoir le Prix Goncourt posthume pour son ouvrage « Fumeurs d’Opium » réédité en 1909. C’est Réne Maran qui en 1921 reçut le prix Goncourt pour son œuvre « Batoula ». Il fut victime de nombreuses critiques et le choix du prix fut très contesté obligeant les 10 sages à donner une explication (peu convaincante) sur leur choix, sans doute le nom d’opium « dérangeait ! »
Œuvres originales Devant l’Enigme 1879, Provensa!, 1884 Carnet d’un soldat, 1889 Propos d’un intoxiqué, 1890 Fumeurs d’opium, Comédiens ambulants, Journal d’un fusillé,, Blockaus incendié…
Source : livret paru lors la Sainte Estelle de 1935, Wikipedia
Patrick Hernandez
Un Poème : DERNIERE FATIGUE
Ouvrant nos poumons aux rafales
Enfin, quand nous pourrons , pour la dernière fois,
Fuir les mortelles capitales ;
Quand nous irons, chantant à pleine voix,
Pour retrouver nos thyms en fleurs et nos cigales
Courir les chemins et les bois ;
Dans l’eau tremblante des fontaines
Mirant les mystérieux enclos
Je veux noyer mes vieilles haines ;
Je veux longtemps rêver, les yeux mi-clos
Par delà l’horizon des collines lointaines
A l’infini des mers rythmant de lents sanglots.
J’irai devant la mer qui roule
Sur les galets mon cœur a ses galets pareils ;
Longtemps, pour oublier la foule,
Je dormirai là-bas un doux sommeil
Dans le balancement rythmique de la houle
Et dans la flamme du soleil
Un extrait d’un de ses œuvres : « Devant l’énigme »
L’aïeul : (28 avril 1883)
Les petits enfants et l’aïeul
Un bonhomme ridé qui tremble
Sont allés, babillant ensemble,
Jouer à l’ombre du tilleul
Les petits content au grand-père
Qui béatement leur sourit,
Comment le prince Aimé surprit
Le géant Troll en son repaire
Ils guettent sur le liseron
La sauterelle aux vertes ailes
Et font la chasse aux demoiselles
Comme à 20 ans ils le feront
Ils babillent à perdre haleine ;
Ils courent, blonds échevelés,
Dans les seigles et dans les blés
Si nains qu’on les voit à peine
Et puis pensant au vieil ami,
Ils reviennent, tout gais, tout roses,
Sournoisement verser des roses,
Sur l’aïeul qui s’est endormi.
UN ECRIVAIN ET JOURNALISTE MECONNU : GABRIEL ALPHAUD
Etat civil :
Gabriel Louis Joseph Alphaud est né à Clermont l’Hérault le 30 juillet 1879 de Jules Cyprien Alphaud (1843-1908) cordonnier chausseur d’origine juive. On ne connaît pas la date exacte de sa mort, sans doute après la seconde guerre mondiale vers 1952. Il se maria avec Cécile Ganivet (née à Paris) avec qui il eut un fils Jacques Jules Benjamin Alphaud (1901-1974). Gabriel fit ses études à Montpellier ou il fut licencié de lettre avant de partir pour Paris ou une grande carrière de journaliste l’attendait. Il aimait le golf, le tennis, le tambourin et le jeu de paume. Il débuta sa carrière de journaliste au début du siècle dernier. Son fils Jacques vécut à Paris des rentes de son père. Gabriel vécut à Ceyras avec sa famille puis à Clermont dans la maison de M Cabal (tout prés du monument aux morts) et par la suite dans la maison Geysse (boucherie Ponton) Il fit construire sa propre maison et sa tour (inachevée et connue sous le nom de Tour Alphaud) sur le chemin de la République prés du château. Il vécut quelques temps à Montpellier mais passa une grande partie de sa vie à Paris.
Son métier de journaliste :
Il fut directeur du journal Comoedia (1) en 1922, collaborateur du « Troubadour » (journal Clermontais paru en 1921 et 1922), Secrétaire Général et journaliste au journal « le Temps », administrateur du « Figaro » et du « Monde illustré ». Il était également président du conseil d’administration de la librairie Ollendorff. Décoré chevalier de la légion d’honneur puis Croix de Guerre et également Officier de l’instruction publique et du Mérite Agricole. Nommé commandeur, officier et chevalier de nombreux ordres étrangers. Il fit parti d’un club parisien, « Union interalliée ».A partir de 1915, il a été correspondant du journal « Le Temps » pour le New-York Times (N.Y.T). Ce dernier journal reprenait les articles parus dans « le Temps » et les contestaient souvent. Ceci n’empêcha pas le New York Times de lui confier l’écriture d’articles.
Sa rencontre avec le président Américain WILSON au nom de la France :
Dans un article en date du deux avril 1915, il retrace sa rencontre avec le président des Etats-Unis, Wilson (président de 1913 à 1921). Cette rencontre à la Maison Blanche s’est faite par l’intermédiaire de l’ambassadeur de France à Washington. Il réalisait cette interview pour le Journal « Le Temps » qui fut retracée dans le New York Times. La première phrase que dit Alphaud au président Wilson fut : « Je suis ravi de voir le sol américain ». La discussion porta ensuite sur la guerre qui enflammait l’Europe et sur le rôle de la France et de ses alliés face à l’ennemi. Le président Wilson avait été sollicité par les différents protagonistes pour connaître la position des Etats-Unis qui, en 1915 étaient neutres. Chaque camp souhaitait le soutien de l’Amérique. Le président Wilson prônait la paix. La discussion avec Alphaud tourna sur la position française et notre compatriote tenta d’expliquer au président Wilson la situation vue de la France et sur le souhait des français de voir l’Amérique les soutenir. Ce dernier adressa une lettre au président Français Poincaré suite à l’entrevue avec Alphaud pour lui expliquer sa position sur le conflit ainsi que des recommandations. La lettre arriva trois semaines plus tard en France par le colonel Edward House qui était en poste d’observation en Europe. Cette lettre fit polémique et frôla l’incident diplomatique entre la France et les Etats-Unis car d’après le président Wilson , la lettre adressée au président Poincaré ne concernait pas la guerre mais le point commun entre les deux présidents sur leur appartenance à une académie des Arts et des lettres. Cette lettre fut achetée par la suite par un auteur dramatique Emile Brieux qui confirma que les propos de la lettre ne concernaient pas la guerre ni la politique. Le président Wilson fit un démenti dans le N.Y.T suite à l’article d’Alphaud. Ce dernier le lendemain, écrivit un droit de réponse toujours dans le N.Y.T évoquant son travail de journaliste de dire la vérité et renouvelant la confiance qu’il avait envers le président Wilson. Le journaliste avait proposé à Wilson un droit de regard sur son interview. Wilson n’avait pas souhaité relire l’article, faisant confiance à Alphaud. C’est suite à la publication de l’article que Wilson s’est senti floué dans ses propos. Cette histoire fut la polémique journalistique de la première semaine d’avril 1915 entre la France et les Etats-Unis. Que peut-on penser de notre compatriote ? Il est certain qu’il a rencontré le président Wilson mais quant au contenu de l’entretien, les deux protagonistes donnent des versions différentes et le contenu de cette lettre restera énigmatique. A-t-il inventé de toute pièce cette histoire pour faire vendre son journal parisien ou bien voulait-il se faire remarquer ? Ou est-ce le président Wilson qui pour éviter tout incident diplomatique avec les ennemis de la France a contesté l’article d’Alphaud. Qui peut-on croire ? Notre star locale ou le président Américain ? Il aurait également fait une interview du colonel Théodore Roosevelt (président des Usa de 1901 à 1909) le 6 mai 1915 à Syracuse mais ce dernier a démenti la rencontre. Selon Alphaud, l’entretien aurait porté sur la guerre. En cette période de guerre, les démentis et les fausses informations étaient monnaies courantes mais faisons confiance à notre compatriote qui aura donc discuté avec deux présidents des Etats-Unis !
Correspondant au journal américain “Le New York Times” :
Le plus important article qu’il écrivit pour le N.Y.T fut publié le 18 avril 1915 avec comme illustration une photo de l’auteur. Cet article concernait la situation politique française à cette époque, vu par un journaliste français. A travers cet article, Alphaud voulait mettre un terme aux fausses idées que pouvaient avoir le public américain sur la France. Il évoque dans son papier le rôle des soldats français qu’il met en valeur, les ressources financières de la France et la situation économique (crédit, état des banques, la monnaie, l’or et l’argent des français, les échanges économiques avec les Etats-Unis), le nombre d’armes pour les soldats et le rôle du gouvernement français dans cette crise militaire. Il évoque le coût mensuel de la guerre en France qui était de 1,300 000 000 d’anciens francs et le fait que la guerre n’était pas prévisible pour les français et que le pays n’était sans doute pas prêt à un tel conflit. Il insiste sur le manque de préparation de cette guerre et parle de l’effet de surprise pour les français. Lors de la déclaration de guerre, il dit que les français ont caché leurs économies. Il parle de la première bataille de la Marne (septembre 1914) et de la victoire française. Il parle des 150000 français prisonniers en France et des 160000 prisonniers allemands au premier mars 1915. Il évoque les 450 000 blessés de la bataille de la Marne de septembre 1914 et sur le retour au front de plus de 400 000 de ses blessés dés le mois de mars 1915. Les hommes engagés avaient entre 20 et 48 ans. Il fait un état des lieux très complet et très intéressant de la France pendant la première guerre mondiale en avril 1915.
Des révélations sur l’activité terroriste aux Etats-Unis :
Un dernier article pour la revue « Lectures Pour Tous » de 15 mai 1917 : « Les Espions en déroute aux Etats-Unis » évoque l’espionnage durant la première guerre mondiale. Alphaud évoque les complots et les trahisons que les Allemands ont mis en œuvre pour terroriser les pays neutres et les empêcher de se ranger aux côtés de l’Entente. Il évoque l’histoire des attentats allemands clandestins aux Etats-Unis qui se succédaient depuis novembre 1914. Le point culminant de ces complots fut atteint pendant l’été 1915. C’était un dénommé M. Dernburg, l’envoyé spécial du Kaiser aux Etats-Unis qui était en charge de rallier les Etats-Unis à eux mais cela ne fonctionna pas et le Comte Bernstorff (un autre envoyé du Kaiser) eut alors recours à la manière forte pour intimider et tenter de faire plier les U.S.A. Il y eut une multitude d’attentas sanglants pendant l’été 1915 et même le Capitole à Washington fut visé. Des actes de sabotage, des incendies visèrent des usines, des bâtiments publics, des dépôts pétroliers…Tout ceci entraîna un mouvement de grève général des ouvriers américains. Mais les Allemands ne se limitaient pas à déclencher des grèves et des incendies. Une explosion se produisit dans une manufacture de poudre située près de Wilmington, occasionnant la mort de trente personnes: trois ouvriers d’origine allemande, mêlés au personnel, avaient disparu l’avant-veille. Dans la région de San-Francisco, on releva de nouveaux attentats contre les dépôts de munitions destinés aux Alliés. Les français et les anglais vivant aux U.S.A étaient menacés de mort et devaient être protégés. En résumé, on compta plus de 1 500 attentats de novembre 1914 jusqu’à la fin de 1915. Pour arriver à leurs fins, les Allemands avaient recrutés moyennant finance, de nombreux espions sur place parfois haut placé, mais les espions les plus actifs étaient les Allemands et les Autrichiens avec à leur tête le trio de choc : Dernburg-Bernstorff-Dumba. Bernhardt Dernburg était l’envoyé spécial de l’empereur aux USA, l’ancien secrétaire d’État Allemand aux colonies. C’était un homme très intelligent et il parlait très bien le français et l’anglais (pour bien brouiller les pistes !). Le comte Bernstorff, l’ambassadeur allemand, se distinguait par l’absence de scrupules nationaux et internationaux, lorsqu’il s’agissait de lutter pour la suprématie et l’influence de son pays. Quant à l’ambassadeur Autrichien Dumba, il était très ami avec son collègue Bernstorff. Ce dernier pour mener à bien ses mauvaises actions employait comme agents d’exécution quatre hommes: l’attaché militaire Von Papen, l’attaché naval le capitaine Boy-Ed, le capitaine Von Rintzeler, et le lieutenant Wolf Von Igel. Ces derniers firent le sale boulot de Bernstorff. Tous ces hommes furent arrêtes et emprisonnés mais certains réussirent à fuir. Les 4 hommes auraient eut sous leurs ordres plus de 60000 « espions » avec de très nombreux fonctionnaires dont le rôle était d’infiltrer l’administration pour soutirer le plus d’informations possibles. Tous ces agissements se retournèrent contre les Allemands et les Autrichiens puisque l’Amérique s’engagea, certes tardivement, auprès des alliés et la répression fut sévère vis-à-vis des espions démasqués.
Il écrivit des articles pour de nombreuses revues et notamment le mensuel : « JE SAIS TOUT, la revue de la découverte » qui était un magazine encyclopédique illustré qui paru entre 1905 et 1939. Il y écrivit des articles très documentés et illustrés comme sur le Maréchal Douglas Haig, commandant de l’armée britannique en France et dans les Flandres lors de la première guerre. Il s’était spécialisé dans les articles portant sur la première guerre mondiale.
Ses écrits pour Clermont :
Il écrivit également pour le journal clermontais « Le Troubadour » (parutions en 1921-1922, instigateur Gaston Combarnous, c’était une revue bimensuelle littéraire, artistique, économique et sportive sur Clermont) sous le pseudonyme de Jacques de l’Arnet. Voici un extrait d’un poème écrit dans le Troubadour en 1921 ou Alphaud rend un émouvant hommage à sa ville qu’il dut quitter pour sa carrière de journaliste. Il écrivit ce poème à Mekhnès en 1921 et l’envoya au journal :
« La Guitoune au soleil »
Mais quand les yeux fermés sur les rêves intimes,
Délaissent l’horizon qui brillait alentour,
Oublieux du soleil, ignorant de la Tour
Qui prolongeait au loin son ombre magnanime,
Du village lointain assis au pied des monts,
Etageant au coteau ses vieilles maisons grises
Je me redis tout bas le vieux nom qui me grise
Qui sonne fier et pur et qu’on nomme Clermont.
(…)
Le grand pont du Rhonel, la fontaine et la place
Où les couples dansants tourbillonnaient jadis
Les platanes blonds qui tremblent et je me dis :
« Pourquoi ces souvenirs dont un ne me lasse ? »
(…)
Puis-je donc regretter la vie simple et tranquille
Qui m’enchaînait alors à l’ombre du clocher,
Qui me faisait grimper aux collines penchées
Puis-je donc regretter quand j’ai choisi la ville ?
(…)
Dans le calme ou tout meurt je vivrai retiré
Gardant auprès de moi une blonde maîtresse
Un livre, et promenant l’esprit de la vieillesse
Souriant au soleil dans les roses de mai.
Il écrivit plusieurs autres articles pour le Troubadour dont un sur la danse et sur la nouvelle mode du Fox Trot, danse apparue au début des années 20 et qui connut un franc succès. Il décrivit cette nouvelle danse de façon très poétique et imagée.
A l’occasion de la fête « Clermont Charité » qui eut lieu les 1,2 et 3 avril 1910 à Clermont, un programme des animations fut édité et Alphaud écrivit une nouvelle s’intitulant « Krinippos le parfumeur ». Cette nouvelle évoquait l’histoire de Krinippos, un parfumeur d’Athènes. Il était très renommé à Athènes et avait comme surnom « le parfumeur de l’Agora ». Alphaud nous raconte l’histoire de ce maître parfumeur de la capitale grecque qui aimait créer un parfum unique pour chaque femme rentrant dans son officine. Il accueillait aussi les « éphèbes » à la recherche d’un parfum séducteur. Il forma à son art la fille d’Axiochos de Milet, Aspasie qui apprit tout de lui mais qu’il gardait cachée dans sa maison de peur de perdre sa muse. Un jour il l’autorisa à sortir et Aspasie fit la connaissance heureuse de Périclès. L’histoire s’arrête là.
En 1947, on trouve sur le livret de Distribution des Prix du Collège de Garçons René Gosse un prix « Gabriel Alphaud » qui fut attribué cette année là à Louis Bourniquel. Il y avait également un prix « René Gosse »
Une âme de musicien :
Il participa à l’écriture d’un Opéra Bouffe en 3 actes « Cotillon III ». Cet opéra fut joué le 28 avril 1927 au théâtre la » Gaieté Lyrique » de Paris. Le spectacle se moquait de Louis XV et du Duc de Richelieu.
Ses œuvres :
Il écrivit également des ouvrages portant sur la guerre :
*« L’action allemande aux Etats-Unis. De la mission Dernburg à l’incident Dumba (2 août 1914 – 25 septembre 1915) ». en 1915. « Préface de Ernest Lavisse. « Ce livre dévoile dans des conditions extrêmement intéressantes tout le système allemand de propagande, d’espionnage, d’approvisionnement et de recrutement en pays étrangers. » Cet ouvrage de plus de 500 pages évoque avec beaucoup de précisions le rôle du docteur Dernburg aux Etats-Unis (vois ci-dessus)
*« Les Etats-Unis contre l’Allemagne. TOME II : Du rappel de Dumba à la déclaration de guerre (25 septembre 1915 – 4 avril 1917) » en 1917.
*« LA FRANCE PENDANT LA GUERRE (1914-1917 ) ». Champagne – Normandie – Savoie – Ile-de-France – Beauce – Lorraine – Orléanais – Languedoc. Préface de Paul Deschanel (de l’Académie Française). L’Auteur, dans son livre pittoresque, montre comment la France et ses provinces sont restées, pendant cette guerre, dignes de leur glorieux renom.
*Bernard de Septimanie et les serments de Strasbourg 1945, thèse complémentaire de Doctorat, faculté de Montpellier.
On peut trouver son nom dans presque 400 ouvrages parus, ce qui montre l’importance de cet intellectuel clermontais qui laissa une trace importante dans la bibliographie française et dans la presse de cette époque.
Quelques anciens clermontais se souviennent de cet homme qui venait de temps en temps se ressourcer dans sa ville natale. « C’était un homme courtois et bien mis sur lui »
Sources : archives du New York Times sur Internet, Google book, wikipédia, notes personnelles, Le Troubadour, l’Action Allemande aux Etats Unis
Photos :
Portrait de Gabriel Alphaud en 1915
La tour Alphaud
La tour qu’il fit construire dans les années 20 prés du château de Clermont pour s’y reposer et y écrire. Il avait fait aménager un étage d’où il avait une vue imprenable sur la vallée de l’Hérault, idéale pour le repos et la méditation. Elle appartient actuellement à un particulier et fait office de garage. C’est une réplique moderne des tours du château avec la présence de fausses archères. Il avait sa maison juste au dessous de cette tour. La maison existe toujours et possède une belle terrasse qui domine la vallée
Notes(1)
« Périodique fondé à Paris par Georges de Pawlowski. Son rédacteur en chef engagea le pari audacieux de publier quotidiennement un journal culturel de 4 pages illustré. Comoedia rassemblait les signatures de François Coppée, Tristan Bernard, Jean Richepin, Jules Renard, Georges Courteline. Il publiait dans ses colonnes des critiques de spectacles, des reportages sur les acteurs et les actrices, sur les directeurs et les auteurs et des feuilletons…Il naquit avant la première guerre, connut quelques interruptions de parutions avant la seconde guerre pour renaître en 1941 et devenir le magazine culturel le plus actif sous l’Occupation
Patrick Hernandez, tout droit réservé