LE TÉLÉPHONE A CLERMONT L’HERAULT
Nous ne connaissons pas les moyens de communications Moyenâgeux, probablement avec des relais pédestres ou cavaliers, sémaphores ou mêmes phoniques en revanche nous connaissons davantage les moyens techniques, qui ont progressivement accentué la rapidité de l’information pour en arriver au téléphone mobile et actuel qui a effacé toutes les distances.
LE TELEGRAPHE
Claude CHAPPE (Prêtre) qui connut sa première application en 1791 et qui utilisait des échafaudages en bois, dit Sémaphores, montés sur des tours construites à portée de vue humaine et séparées d’une distance de 5 à 10 Kms. Ces sémaphores utilisaient un alphabet simplifié (49 positions) qui permettaient la transmission de messages au rythme de 3 signaux par minute. C’est ainsi que la prise du Quesnoy en 1793 fut annoncée aux Parisiens dans un très court délai. En 1852 un réseau de 4800 Km avec 556 stations était opérationnel. L’arrivée du Télégraphe électrique (avec l’alphabet Morse) (2) en 1837, appliqué pour PARIS ROUEN en 1845, remplaça celui de CHAPPE. En 1851 il fut mis à la disposition du public dans de nombreux bureaux de Poste qui continuèrent dans de nombreux lieux (surtout dans les petites localités) pendant de nombreuses années à conserver leurs deux activités conjointes. Dans ces cas ils étaient désignés du nom de Bureaux de l’Etat à service complet.Il subsistait en 1896 quelques bureaux électro-sémapho-riques, en bordure de mer, tels ceux du CAP D’AGDE et de CETTE à fin d’une correspondance privée avec les navires en mer.En outre s’y ajoutait des Bureaux de Gare, ouverts à la télégraphie privée. Si les messages étaient portées hors de l’enceinte de la Gare il fallait régler 50 centimes en plus.
LE TELEPHONE
En 1896 CLERMONT bénéficiait d’un service complet avec Mr TABAR comme Receveur. Il y avait en outre des bureaux de postes et télégraphes dit Mixtes, dans le Clermontais on trouvait à : BRIGNAC . Léotard – à CANET, Gouneaud – à NEBIAN, Soullié – à PERET, Mme Andrieu – à ST FELIX, Mme Soullié. Pour desservir les autres localités, il y avait plusieurs systèmes :
A Pied, c’est ainsi qu’en 1855 nous lisons sur le Messager du Midi une adjudication pour le transport de dépêches de ST PONS à OLONZAC, 33 Kms à parcourir en 6 h et de ST PONS à LA SALVETAT, 17 Kms en 4 h…
Par Voitures Hippomobiles, en 1880. Départ de Clermont pour Aniane 9 h du matin et 9h du soir, pour Bedarieux sauf Mercredi et Vendredi, départ à 5h du matin, par Mr CAMBON, Hôtel du Commerce.
Pourtant à cette date le TÉLÉPHONE existait. En 1854 le Français Charles BOURSEUL avait découvert le principe de la transmission de sons par impulsions électriques, l’Ecossais Graham BELL déposait le brevet le 14 Février 1876 et le 8 Septembre 1879, trois sociétés exploitantes fournissaient ce précieux moyen de communication à 80 personnes.
En 1881 le réseau urbain Parisien, le premier, avait 1602 abonnés. L’expansion était freinée par l’obligation d’installer des lignes téléphoniques sur des poteaux en bois et des consoles métalliques chez les particuliers. En 1889 le téléphone est nationalisé et rattaché au télégraphe d’où la dénomination POSTES, TELEGRAPHES. TELEPHONES (P.T.T.). En 1897, le 14 Mars exactement, les commerçants et industriels de CLERMONT et de LODEVE se rencontrent pour ouvrir une souscription afin de financer une ligne téléphonique LODEVE-CLERMONT-CETTE, réunion présidée par Mr GUIRAUDOU Maire et Conseiller Général de CLERMONT et par Mr Etienne VITALIS, Président du Tribunal de Commerce de LODEVE. En 1927 on installa un câble sous-marin, France/Grande Bretagne.
PASSEZ MOI LE 22 À ASNIERES S.V.P.! C’était le titre de la célèbre parodie de Fernand Reynaud.
Pour obtenir un correspondant téléphonique il fallait passer par L’inter, c’est-à-dire les standardistes qui devant leur tableau reliaient les interlocuteurs locaux ou les standards des localités concernées (1). Cette disposition technique ne favorisait pas la rapidité de transmission, ce qui pour les localités éloignées demandait une attente excessive pénalisant fortement les entreprises ou autres qui n’avaient pas le bonheur d’avoir des relations téléphoniques automatisées. Il fallut attendre 1974 pour qu’enfin CLERMONT obtienne le précieux SÉSAME qui ouvrait enfin la communication simultanée, favorisant les échanges économiques, sociaux, familiaux ou autres.
Pourtant depuis 1938 (TRENTE SIX longues années, s’étaient écoulées!) l’automatique en France couvrait 45,6% des abonnés Métropolitains, contre 84,9% en Allemagne.
Ce qui est ignoré de beaucoup c’est que certains départements avaient précédé largement le notre car déjà en 1939, le département limitrophe du TARN, mais aussi les Bouches du Rhône, les Alpes Maritimes etc, avaient déjà le précieux automatique, ainsi que l’Ile de France. Ces départements avaient mis la main à la poche et financé leur installation.
Plusieurs types d’appareils téléphoniques étaient proposés en 1896, le plus courant : le FIXE, installé à la verticale permettait de parler à courte distance et d’écouter avec un écouteur. La grande innovation fut APPAREIL MOBILE que l’on posait sur une table ou bureau, qui avait une courte longueur de fil. Ils étaient alimentés par une magnéto électrique. Une variante, on pouvait installer plusieurs postes dans divers bâtiments à distance réduite à cause de l’obligation d’installer des fils pour les relier. La numérotation du téléphone était simplifiée à l’extrême; C’est ainsi que les numéros se suivaient dans l’ordre numérique avec comme suffixe la localité (exemple le 14 à Aspiran). Malgré de nombreuses recherches nous n’avons pu connaître exactement les pionniers du Téléphone à Clermont, l’annuaire officiel des abonnés au téléphone de 1949 en notre possession nous a permis d’en découvrir quelques uns, que nous vous livrons mais aussi d’en tirer une analyse sociologique et économique de CLERMONT à cette époque, cette analyse est fortement succincte puisqu’il y manque les artisans, cultivateurs, et modestes commerçants de proximité qui n’avaient pas besoin de ce précieux moyen de communication, devenu aujourd’hui INDISPENSABLE, si ce n’est UNIVERSEL
ANALYSE ÉCONOMIQUE ET SOCIOLOGIQUE -ABONNES EN 1949
Cafés : 7 – ALIMENTAIRE : Boulangers 3,Volailles I, Épiciers détaillants 5, en Gros 4, Bouchers 3, Vêtements 6.Hôtels 3, Restaurants S, Quincailler I, Meubles I, Librairie, Imprimerie 2, Gd Magasin I, Électricité : 2, Banques 6, Représentants 7, Vaisselles 4, Chaussures 3, Plombiers 3, Droguerie 3, Mécanique;Autos 8, Cycles 3, Industrielle I, Charbon I,Assurances 5, Bois Matériaux 2, Cars I,Taxis I.AGRICO-LE;Travaux 3, Commerces 3, Expéditeurs Raisins !3,Vins Négociants 8, Courtiers 3,Transports 2, Chevaux I, Producteurs Vignobles 6,Tartre I, Industriel I, Biscuits I, Baryte I, Agences 6, Notaire I, Docteurs 6, Dentiste I,Vétérinaires 2,Avocat I, Huissier I.
NUMÉROS ANCIENS EXISTANTS ENCORE AUJOURD’HUI.
(C’est-à-dire les numéros les plus anciens de Clermont pour lesquels on a ajouté au N° initial le suffixe 0467 96) nous trouvons :
(3) Docteur GRANIER, (6) Pharmacie GOUTTES (ce jour Pharmacie Olivier), (10) Café Clermontais (ex Boudassé) (II) Maison SALASC, (14) VALETTE/PLANAS Grains, (16) Café Négociants (ex Millau), (22) PLANAS Michel, (32) Gendarmerie, (52) Boucherie CROS (ex GEÏSSE), (64) Ass/Bernadou (ex Bourniquel), (66) Hôtel Terminus (ex ANTOINE), (67) Garage COUTURIER (sons changement de nom), (79) LUGAGNE-DEL-PON, (25) SOCIETE GENERALE, (26) SOCIETE BORDELAISE, (70) DUPUY DE PARSEVAL, (69) Maison ASTRUC (B/LHAQ, (73) Cave COOPERATIVE.
PROPORTION DE POSTES TELPHONIQUES DANS L’HERAULT EN 1949
Premier alinéa «T» nombre d’abonnés. Deuxième alinéa «P» à la position démographique dans le déportement en 1982. Exemple CLERMONT était 6éme en nombre d’abonnés et 16 ème en population.
MONTPELLIER – 4.600T/1er (P/l); BEZIERS – 2.500T -2° (P/2);SETE – I540T -3° (P3);PEZENAS – 252T/4 (PI2); AGDE – 220T/5(P6);CLERMONT – 202T6 (PI6); LUNEL – 200T /T 7 (P4); LODEVE – I88T ( 8°) (p14)
En 1949, dans la région, nombre d’abonnés :
PAULHAN (60) – GIGNAC (58) – ST ANDRE(40) -ASPIRAN ( 30) -NEBIAN (16) – ST FELIX (14) – CANET(11) – CEYRAS (7) – LE POU-GET (24) – PLAISSAN (30) -ANNIANE (14) – BRIGNAC etVILLENEU-VETTE (3) – LIEURAN (I) -VALMASCLE et SALASC (Cabine téléphonique).
L’importance économique de CLERMONT par rapport à la population est déjà évidente, 6eme en téléphonique et 16 ème en population. Actuellement on dénombre en 2004, 4.520 abonnés (4.320 en 2003, en progression de 5%), chiffre auquel il faut ajouter un nombre important de portables, malheureusement incalculable. 202 abonnés en 1949, 4520 aujourd’hui, soit 225 fois plus !
notes
Une étude de Mr BECQUE (Professeur) lui laissa supposer qu ‘à Clermont la tour (utilisée par la suite pour l’envoi de fusées paragrêle
était utilisée à cet effet avec comme point vis-à-vis, de celle de N.D.de Consolation.
Un nouvel arrivant à CLERMONT utilisant depuis peu l’appareil téléphonique, demandait à la standardiste, «Passez moi mon oncle
de PLAISSAN» – «Mais je ne le connais pas, donnez moi son numéro»
– «mais je lui ai téléphoné la semaine dernière» – «mais ce n ‘étais pas moi et nous ne pouvons pas tous les connaître!».
Conseils notés sur l’annuaire «Parlez lentement et distinctement» «Si l’on vous entend mal, rapprochez vous de l’appareil» «Ayez
pour la téléphoniste la courtoisie que vous attendez d’elle» «En parlant, tenez les lèvres le plus près possible de l’appareil» «L’appel au
numéro est obligatoire» «Répondez immédiatement et évitez les mots inutiles»
Avec l’aimable autorisation de Mr Blaise Gallego